vendredi 1 mai 2015

Notes sur le Nom IESHOUAH

 


 


Par Robert Ambelain
Les notes qui suivent proviennent des carnets d’instructions martinistes d’Ambelain.

Il s’agit bien là d’un Nom Divin fort ancien, bien connu des Kabbalistes surtout chrétiens, aussi

bien que des docteurs de l’Eglise primitive.
Saint Jérôme, en son Interprétation mystique de l’alphabet, fait du Shin hébraïque le symbole de la


parole, du verbe vivifiant. Elle était déjà, pour les kabbalistes hébreux, l’un des trois lettres mères

(avec l’aleph et le mem), et signifiait le Feu.
Nous verrons plus tard Papus, en son livre Martinisme et Franc-Maçonnerie, nous dire que cette


lettre Shin renversée dans l’Etoile Flamboyante (Pentagramme), pointe en haut, montre à l’initié

rosicrucien l’Incarnation du Verbe Divin dans la Nature Humaine.
Et le Docteur Allendy, en son ouvrage Le symbolisme des nombres, ajoute ceci : « L’adjonction du



Shin au Tétragramme sacré marque le passage du Quaternaire au Quinaire pour la production de

la créature vivante. Jésus, le Verbe fait chair, représente kabbalistiquement toute créature, et en

particulier l’Homme, puisque celui-ci est la plus évoluée des créatures ».


Etant donné que, selon la tradition chrétienne générale, la Nature entière est déchue avec Adam, par

la faute de celui-ci, on comprend, en effet, comment la même nature peut remonter avec l’Homme

dès le rachat de celui-ci par le Verbe.
Henri-Cornelius Agripa, en sa Philosophie Occulte, nous dit que : « Dans le temps de la loi, la Nom



Ineffable de Dieu était de quatre lettres : iod he vav he, en place duquel les Hébreux, par respect,

lisaient simplement Adonaï (Seigneur), soit aleph, daleth, noun et iod. Dans le temps de la grâce, la

Nom de Dieu est la Pentagramme effable iod he shin vav he, lequel par un mystère qui n’en est pas

moins grand, s’invoque aussi en un Nom de trois lettres : iod, shin vav… »


Observons, en passant, que le Nom de Cinq lettres est IESHOUAH, et celui de trois lettres

ISHOUH.

Peu après Agripa, Henri Kunrath fera figurer le Nom Divin de cinq lettres, IESHOUAH, au centre
de la cinquième planche de son célèbre ouvrage, L’Amphithéâtre de l’Eternelle Sagesse,


représentant le Christ en Croix, et sur la douzième et dernière planche, représentant le Pantacle dit

de Kunrath.
Louis-Claude de Saint-Martin précise sa pensée sur ce Nom en sa Correspondance : « Lorsque le



Christ est venu, il a rendu encore la prononciation de ce mot (le Tétragramme) plus centrale ou

intérieure, puisque le Grand Nom que ces quatre lettres exprimaient, est l’explosion quaternaire, ou

le signal crucial de toute vie. Au lieu que Jésus Christ, en apportant d’en haut le shin des hébreux

ou la lettre S, a joint le Saint Ternaire lui-même au Grand Nom Quaternaire dont les trois unités en

sont le principe. Sans doute, il y a une grande vertu attachée à cette prononciation véritable, tant

centrale (intérieure) qu’orale, de ce Grand Nom et de celui de Jésus Christ, qui est comme la fleur.

La vibration de notre Air élémentaire est une chose bien secondaire dans l’Opération par laquelle

ces Noms rendent sensibles à ce qui ne l’était pas. Leur vertu est de faire aujourd’hui, et à tout

moment, ce qu’ils ont fait au commencement de toutes choses, pour leur donner origine. Et comme

ils ont produit toutes choses avant que cet Air n’existât, sans doute qu’ils sont encore au dessus de

l’Air quand ils en remplissent les mêmes fonctions ».


On le voit, tous les grands noms de la Kabbale, aux XVI° siècle, XVII° et XVIII° siècle, connurent
la profonde valeur du Nom Pentagrammique. Sédir cite en son Histoire et doctrine des Rose-Croix :

« Un disciple des Rose-Croix, Wilhem Menens d’Anvers, lequel parle en son Aureum Vollus de la

grande force qui est cachée dans le Nom IHSVH ».


Tout ceci montre bien que tous les kabbalistes chrétiens ont connus et utilisés le profond mystère

inclus en ce nom divin : IESHOUAH.

C’est à ce titre que le Martinisme de Tradition en a fait sa mystérieuse « Parole », à ce titre qu’il

marque la Prière Martiniste d’un caractère réellement ésotérique, et d’une potentialité ineffaçable.

Comme l’Ange conducteur sépare les Israélites des égyptiens lors du passage symbolique de la Mer

Rouge, le Shin sépare en deux les quatre lettres du Tétragramme initial, exprimant le Dieu vivant, le

Dieu du Monde, le Dieu manifesté. Et les deux valeurs numérales ainsi obtenues sont fort

significatives.

Mais combien plus encore significative cette insertion du Shin au centre du même Tétragramme, ce
Shin lettre mère désignant le Feu, lorsqu’on se souvient de la Parole des Evangiles : « Je suis le

Pain, je suis la Vie… Je suis venu mettre le Feu au sein des choses… ».


Enfin, il est incontestable que ce Nom Divin est à même d’unir la totalité des Martinistes dispersés

par le Monde, quelle que soient leur religion ou leurs croyances philosophiques. Et comme tel il est

donc facteur d’unité.

Enfin, il est aussi vrai que l’Islam révère comme prophète « sidna Issa », le Seigneur Jésus. Et le
Coran nous dit que : « Il n’est que deux êtres que l’aile de Saïtan n’a point touché : Jésus et sa



mère ». Et que de ceci : « L’Ange dit à Marie : Dieu t’annonce son Verbe. Il se nommera Jésus ; le

Messie, fils de Marie, grand en ce monde et dans l’autre et le confident du Très-Haut » (Coran, IV,


40).
« Dieu dit à Jésus : je t’enverrai la Mort, et je t’élèverai à Moi. Tu seras séparé des infidèles. Et

ceux qui t’auront suivi seront élevés au dessus d’eux, jusqu’au jour du jugement » (Coran, IV, 48).

L’Hindouisme moderne, en son ordre de Ramakrishna, connaît la méditation sur le Seigneur Jésus.


Et cela au même titre que celle sur Krishna ou Shiva.

Le Bouddhisme peut y voir l’avatar d’un de ses bodhisattvas, très probablement d’Avalokitesvara,

celui de la Miséricorde.

Outre ces aspects, la Théosophie y voit le Logos de notre système solaire.

Enfin, les kabbalistes y voient évidemment un des Noms du Mashiah, le Messie.

Il n’est guère que le Magisme rationaliste, voire athée, qui ignore (volontairement) sans doute, la

toute puissance du Nom du Réparateur, comme le nomme la Tradition martiniste du XVIII° siècle.

Mais n’oublions pas que ce courant rassemble fréquemment les éléments lucifériens de l’occulte.

Et ceci justifie cela.

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