mercredi 19 août 2015

Société Cabalistique de la Rose+Croix

 




 


STATUTS

DES PHILOSOPHES INCONNUS

DE LA SOCIÉTÉ CABALISTIQUE

DE LA ROSE+CROIX

SOUVERAIN SACTUAIRE DES CHEVALIERS DE PALESTINE

« Filiation : Robert AMBELAIN et Gérard KLOPPEL »

1691-1948-1984-2008

Traités du Cosmopolite donnant une idée d’une Société de Philosophes, qui décrit les « Statuts et

Règles de la Société Cabalistique des Philosophes Inconnus ». (Éditeur : Laurent d'Houry 1691).

Ce texte publié en 1691 par l'éditeur Laurent d'Houry est particulièrement intéressant car il est un

témoignage d'une fraternité initiatique rattachée au courant Hermétique qui s'est développé en

Europe après la publication des manifestes rosicruciens.

Certaines de ces Confréries hermétiques, fortement axées sur l'Alchimie opérative, ont constitué le

terreau d'où naîtra la Franc-Maçonnerie Spéculative moderne au tournant des XVIIème et

XVIIIème siècles, puis la Franc Maçonnerie « Illuministe » française (Rite Écossais Philosophique,

Rite de Tschoudy-Pernety, ...) et allemande (Ordre Rose Croix d'Ancien Système).

I. LES ASSOCIÉS PEUVENT ÊTRE DE TOUT PAYS.

Cette Compagnie ne doit pas être bornée par une contrée, une Nation, un Royaume, une Province,

en un mot, par un lieu particulier ; mais elle doit se répandre par toute la terre habitable qu'une

Religion sainte éclaire, où la vertu est connue, où la raison est suivie : car un bien universel ne doit

pas être renfermé dans un petit lieu resserré ; au contraire il doit être porté partout où il se rencontre

des sujets propres à le recevoir.

II. DIVISIONS EN CORPS PARTICULIERS.

Pour qu'il n'arrive pas de confusion dans une si vaste étendue de pays, nous avons trouvé bon de

diviser toute la compagnie en compagnies ou assemblées, et que ces corps particuliers soient

tellement distribués, que chacun ait son lieu marqué, et sa province déterminée.

Par exemple, que chaque colonie se renferme dans un Empire où il n'y ait qu'un seul chef ; que

chaque assemblée se borne à une seule province, et ne s'étende pas plus loin qu'un canton de pays

limité.

Si donc il arrive qu'il se présente une personne pour être associé avec nous, qui ne soit pas d'un pays

stable, et que l'on connaisse ; qu'on l'oblige d'en choisir un où il établisse son domicile, de peur qu'il

ne se trouve en même temps attaché à deux colonies ou assemblées.

III. LE NOMBRE DES ASSOCIÉS.

Pour ce qui est du nombre des associés dans chaque colonie ou assemblée, il n'est ni facile ni utile

de le prescrire par les raisons ci-après : la Providence y pourvoira, puisqu'on effet c'est uniquement

la gloire, le service de Dieu, celui du Prince et de l'État, qu'on s'est proposé pour but dans toute cette

institution.

Ce qu'on peut dire en général, c'est qu'il s'en faut rapporter là-dessus à la prudence de ceux qui

associeront, lesquels, selon le temps, le lieu et les nécessités présentes admettront plus ou moins de

personnes dans leur corps.

Ils se souviendront seulement que la véritable Philosophie ne s'accorde guère avec une multitude de

personnes, et qu'ainsi il sera toujours plus sûr de se retrancher au petit nombre.

Le plus ancien ou le premier de chaque colonie, ou assemblée, aura chez lui le catalogue de tous les

associés, dans lequel seront les noms et le pays de ceux de son corps, avec l'ordre de leur réception

pour les raisons que nous dirons tantôt.

IV. GENS DE TOUTE CONDITION ET RELIGION PEUVENT ÊTRE ADMIS.

II n'est aucunement nécessaire que ceux que l'on recevra dans la compagnie soient tous d'une même

condition, profession ou religion.

Il sera requis en eux qu'ils soient au moins convaincus des Mystères saints de la Religion

chrétienne, qu'ils aiment la vertu, et qu'ils aient l'esprit propre pour la Philosophie, de manière que

l'athée et l'idolâtre ne puisse être admis : seulement par une exception fondée sur le respect pour la

loi ancienne, le Juif pourra, quoique rarement, y participer, pourvu qu'il soit doué d'ailleurs des

qualités d'un honnête homme ; ainsi donc on n'aura aucun égard à l'extraction des personnes ; car

n'ayant point d'autre fin que d'aider les pauvres de la République chrétienne, et de donner du

soulagement à tous les affligés du genre humain en quelque lieu et de quelque condition qu'ils

soient; les Associés d'une médiocre naissance y pourront aussi bien réussir, que ceux d'une qualité

plus relevée.

Ce serait donc au détriment de l'humanité qu'on les bannirait de notre corps, vu principalement que

ces sortes de personnes sont d'ordinaire plus portées à pratiquer les vertus morales que celles qui

sont le plus constituées en dignité.

Le mélange de religions et de cultes ne peut en attaquer aucune» ni nuire à la véritable, ni élever

contestation ou fomenter schisme, par la loi qui sera imposée de ne jamais converser sur des

matières de ce genre, et n'étant pas au surplus probable que le Grand Architecte accorde à des

hommes quelconques la faveur de conduire à une heureuse fin le grand ouvrage, dont notre

Philosophie découvre les principes, s'ils n'ont auparavant purgé leur coeur de toutes sortes de

mauvaises intentions : cependant l'Ordre n'éclairera véritablement sur les mystères des Philosophes

que ceux qui cesseront d'être aveugles sur les mystères de la foi.

V. ON ADMETTRA DIFFICILEMENT LES RELIGIEUX.

Quoiqu'il soit indiffèrent, comme je viens de le dire, de quelle condition soient les associés il est à

souhaiter pourtant qu'on n'en prenne point ou peu parmi les Religieux ou gens engagés dans des

voeux monastiques, principalement de ces Ordres qu'on appelle mendiants, si ce n'est dans une

extrême disette d'autres sujets propres à notre institut.

Que la même loi soit pour les esclaves, et toutes personnes qui sont comme consacrées aux services

et aux volontés des Grands ; car la Philosophie demande des personnes libres, maîtres d'ellesmêmes,

qui puissent travailler quand il leur plaira, et qui, sans aucun empêchement, puissent

employer leur temps et leurs biens pour enrichir la Philosophie de leurs nouvelles découvertes.

VI. RAREMENT LES SOUVERAINS.

Or, entre les personnes libres les moins propres à cette sorte de vacation, ce sont les Rois, les

Princes et autres Souverains.

On doit juger de même sous un autre regard de certaines petites gens que la naissance a mis, à la

vérité, un peu au-dessus du commun, mais que la fortune laisse dans un rang inférieur ; car, ni les

uns, ni les autres ne nous sont guère propres, à moins que certaines vertus distinguées, qui brillent

dans toute leur conduite, tant en public qu'en particulier, ne les sauvent de cette exception.

La raison de cela, c'est qu'il ne se peut guère faire que l'ambition ne soit la passion dominante de ces

sortes d'états: or, partout où ce malheureux principe a lieu, on n'y agit plus par les motifs d'une

charité et d'une affection générale pour le genre humain.

VII. QUE L'ON REGARDE SURTOUT AUX MOEURS.

En général, que personne de quelque état ou condition qu'il puisse être, ne prétende point entrer

dans cette compagnie, s'il n'est véritablement homme de bien ; il serait fort à souhaiter, comme il a

été dit, qu'il fît profession du Christianisme ; et qu'il en pratiquât les vertus ; qu'il eût une foi

scrupuleuse, une ferme, espérance, une ardente charité.

Ce sont les trois principales colonnes de tout édifice solide; que ce fût un homme de bon commerce,

honnête dans les conversations, égal dans l'adversité et dans la prospérité ; enfin, dans lequel il ne

parût aucune mauvaise inclination, de peur que les personnes par lesquelles on prétendrait aider au

bonheur des autres, ne servissent elles-mêmes à leur perte.

Qu'on se garde par-dessus toute chose de gens adonnés au vin ou aux femmes ; car Harpocrates luimême

garderait-il sa liberté parmi les verres ?

Et quand ce serait Hermès serait-il sage au milieu des femmes ?

Or» quel désordre, que ce qui doit faire la récompense de la plus haute vertu, devint le prix d'une

infâme débauche.

VIII. QUE CE SOIT GENS QUI AIENT DE LA, CURIOSITÉ NATURELLE.

Ce n'est pas assez que les moeurs soient irréprochables, il faut en outre dans nos prosélytes un

véritable désir de pénétrer dans les secrets de la chimie, et une curiosité qui paroisse venir du fond

de l'âme ; de savoir, non pas les fausses recettes des charlatans, mais les admirables opérations de la

science hermétique, de peur qu'ils ne viennent peu-à-peu à mépriser un art, dont ils ne peuvent pas

tout à coup connaître l'excellence.

Ceci après tout ne doit pas s'entendre de cette manière, que dès qu'un homme est curieux, et autant

que le sont la plupart des Alchimistes, il soit aussitôt sensé avoir ce qu'il faut pour être agrégé parmi

nous ; jamais la curiosité ne fût plus vive que dans ceux qui ayant été prévenus de taux principes,

donnent dans les opérations d'une chimie sophistique; d'ailleurs il n'en fût jamais de plus incapables

et de plus indignes d'entrer dans le sanctuaire de nos vérités.

IX. LE SILENCE, CONDITION ESSENTIELLE.

Pour conclusion, qu'à toutes bonnes qualités on joigne un silence incorruptible, et égal à celui

qu'Harpocrates savait si bien garder ; car, si un homme ne sait se taire, et ne parler que quand il faut,

jamais il n'aura le caractère d'un véritable et parfait Philosophe.

X. MANIÈRE DE RECEVOIR.

Quiconque une fois aura été admis au nombre de nos élus, il pourra lui-même à son tour en recevoir

d'autres, et alors il deviendra leur Patron.

Qu'il garde, dans le choix qu'il en doit faire, les règles précédentes, et qu'il ne fasse rien sans que le

Patron, par lequel il avait été lui-même agrégé, en soit averti, et sans qu'il y consente.

XI. FORMULAIRE DE RÉCEPTION.

Si donc quelqu'une attiré par la réputation que s'acquerra cette Compagnie, souhaitait d'y être admis,

et si, pour cet effet, il s'attachait à quelqu'un de ceux qu'il soupçonnerait en être, celui-ci

commencera par observer diligemment les moeurs et l'esprit de son postulant, et le tiendra durant

quelque temps en suspens, sans l'assurer de rien, jusqu'à ce qu'il ait eu des preuves suffisantes de sa

capacité, si ce n'est que sa réputation fût bien établie, qu'on n'eût aucun lieu de douter de sa vertu, et

des autres qualités qui lui sont requises.

En ce cas, l'associé proposera la chose à celui qui lui avait à lui-même servi de Patron ; il lui

exposera nettement, sans déguisement et sans faveur, ce qu'il aura reconnu de bien et de mal, dans

celui qui demande ; mais en lui cachant en même temps sa personne, sa famille, son nom propre, à

moins que le postulant n'y consente, et que même il ne vienne à le demander instamment, instruit

qu'il aura été de la défense expresse, qu'on a sans cela de le nommer dans la Société; car c'est une

des constitutions les plus sages de la Compagnie, que tous ceux qui en seront, non seulement soient

inconnus aux étrangers, mais qu'ils ne se connaissent pas même entre eux, d'où leur est venu le nom

de Philosophes inconnus.

En effet, s'ils en usent de la sorte, il arrivera que tous se préserveront plus facilement des embûches

et des pièges qu'on a coutume de dresser aux véritables Philosophes, et particulièrement à ceux qui

auraient fait la pierre, lesquels, sans cette précaution, deviendraient peut-être par l'instinct du

Démon en proie à leurs propres amis, et toute la Société courrait risque de se voir ruinée en peu de

temps ; mais au contraire en prenant ces mesures, quand il se trouverait parmi elle quelque traître,

ou quelqu'un, qui, sans qu'il y eût de sa faute, fût assez malheureux pour avoir été découvert :

comme les autres, qui, par prudence sont demeurés inconnus, ne pourront être déférés, ni accusés,

ils ne pourront aussi avoir part au malheur de leur associé, et continueront sans crainte leurs études

et leurs exercices.

Que si après ces avis quelqu'un est assez imprudent, que de se faire connaître, qu'il ne s'en prenne

qu'à lui-même, s'il s'en trouve mal dans la suite.

XII. DEVOIRS DES PATRONS.

Afin que l'ancien Patron, qui est sollicité par le Patron futur de donner son consentement pour

l'immatriculation de son nouveau Prosélyte, ne le fasse pas à la légère, il doit auparavant faire

plusieurs questions à l'associé, qui lui en parle, et même, pour peu qu'il puisse douter de sa sincérité,

l'obliger par serment de lui promettre de dire les choses comme elles sont.

Qu'après cela on propose la chose à l’assemblée ; c'est-à-dire à ceux de ses associés qui lui seront

connus, et qu'on suive leurs avis là-dessus.

XIII. PRIVILÈGE DES CHEFS.

Le chef, ou le plus ancien d'une colonie, sera dispensé de la loi susdite, aussi bien que de plusieurs

autres choses de la même nature.

Si cependant il arrivait, que le nombre des associés venant à diminuer, on fut obligé de ne plus faire

qu'une assemblée de toute la colonie ; alors le chef général perdra son privilège, en quoi l'on doit

s'en rapporter à sa propre conscience. Après sa mort aussi personne ne lui succédera, jusqu'à ce que

la multitude des associés ait obligé de les subdiviser en plusieurs assemblées.

XIV. RÉCEPTION.

Tout cela fait, et le consentement donné en ladite forme, le nouveau postulant sera reçu en la

manière que je vais dire :

Premièrement on invoquera les lumières de l'Eternel, en faisant célébrer à cette intention une

fonction publique, religieuse et solennelle, en un endroit consacré, suivant que le lieu et la religion

de celui que l'on doit recevoir le permettent. Si la chose ne se peut faire en ce temps, qu'on la diffère

à un autre, selon qu'en ordonnera celui qui reçoit.

Ensuite celui qu'on va recevoir promettra de garder inviolablement les statuts susdits, et sur tomes

choses qu'il s'engage à un secret inviolable, de quelque manière que les choses puissent tourner, et

quelque événement bon bu mauvais, qu'il en puisse arriver.

De plus, il promettra de conserver la fidélité aux Lois et aux Souverains, également envers ses

nouveaux Frères associés ; jurant d'aimer toujours tous ceux qu'il viendra à connaître tels, comme

ses propres frères.

Qu'enfin s'il se voit jamais en possession de la pierre, il s'engagera, même par serment, si son Patron

l'exige ainsi (sur quoi, comme dans toutes les autres lois de la réception il faudra avoir égard à la

qualité, et au mérite de ceux qu'on recevra) qu'il en usera selon que le prescrivent les constitutions

de la Compagnie.

Après cela celui qui lui aura servi de Patron, en recevant ses promesses, lui fera les siennes à son

tour au nom de toute la société et de ses Associés.

Il l'assurera de leur amitié, de leur fidélité, de leur protection, et qu'ils garderont en sa faveur tous

les statuts, comme il vient de promettre de les garder à leur égard ; ce qui étant fini, il lui dira tout

bas et à l'oreille les mots de l'Ordre, et puis en langage des Sages, le nom de la Magnésie ; c'est-àdire,

de la vraie et unique matière de laquelle se fait la pierre des Philosophes.

Il sera néanmoins plus à propos de lui donner auparavant quelque description énigmatique, afin de

l'engager adroitement de le déchiffrer de lui-même ; que s'il reconnaît qu'il désespère d'en venir à

bout, le Patron lui donnera courage, en lui aidant peu-à-peu, mais de telle manière néanmoins, que

ce soit de lui-même qu'il découvre le mystère.

XV. DU NOM DE L'ASSOCIÉ.

Le nouveau Frère associé prendra un nom cabalistique, et, si faire se peut commodément, tiré par

anagramme de son propre nom, ou des noms de quelqu'un des anciens Philosophes ; il le déclarera à

son Patron, afin qu'il l'inscrive au plutôt dans le catalogue ou journal de la Société ; ce qui sera fait

par quelqu'un des anciens, qui prendra soin de le faire savoir, tant au Chef général de chaque

colonie, qu'au Chef particulier de chaque assemblée.

XVI. DE L'ÉCRIT QUE LE NOUVEAU FRÈRE DOIT À SON PATRON.

Outre ce qui a été dit, si le Patron juge qu'il soit expédient, il exigera, pour engager plus étroitement

le nouvel associé, une cédule écrite de sa main, et souscrite de son nom cabalistique, qui fera foi de

la manière dont les choses se sont passées, et du serment qu'il a fait ; réciproquement le nouveau

Frère associé pourra aussi obliger son Patron de lui donner pour valoir comme certificat, son signe

et nom cabalistique au bas d'un des exemplaires de ces statuts, par lequel il témoignera à tous ceux

de la Compagnie qu'il l'a associé dans leur nombre.

XVII. ÉCRITS NÉCESSAIRES QUE LE NOUVEL ASSOCIÉ DOIT RECEVOIR.

Quand le temps le permettra, on donnera la liberté au nouveau Frère de transcrire les présents

statuts, aussi bien que le tableau des signes et caractères cabalistiques, qui servent à l'art, avec son

interprétation, afin que quand par hasard il se rencontrera avec quelqu'un de la Compagnie il puisse

le reconnaître, et en être reconnu, en se faisant les interrogations mutuelles sur l'explication de ces

caractères. Enfin, il pourra prendre aussi la liste des noms cabalistiques des agrégés, que son Patron

lui communiquera en lui cachant leurs noms propres, s'il les savait.

Pour ce qui est de nos autres écrits particuliers que le Patron pourrait avoir chez lui, ou à sa

disposition par tout autre moyen, il sera encore obligé de les faire voir et procurer à son nouveau

Frère, ou tous à la fois, ou par partie, selon qu'il le pourra, et jugera à propos ; sans jamais

cependant y mêler rien de faux, ou qui soit contraire à notre doctrine ; car un Philosophe peut bien

dissimuler pour un temps, mais il ne lui est jamais permis de tromper.

Le Patron ne sera point tenu de faire ces sortes de communication ou plus amplement ou plus vite

qu'il ne voudra; davantage, il ne pourra même rien communiquer qu'il n'ait perçu du nouveau Frère

la taxe du tribut imposé pour entrer à' la masse commune de la Compagnie, et qu'il ne l'ait d'ailleurs

éprouvé sur tous les points, et reconnu exact observateur des statuts, de peur que ce nouvel agrégé

ne vienne à se séparer du Corps et découvrir des mystères qui doivent être particuliers et cachés.

Quant aux lumières qu'un chacun aura puisé d'ailleurs, il lui sera libre ou de le cacher, ou d'en faire

part à son choix.

XVIII. DEVOIRS DU NOUVEL ASSOCIÉ.

Il reste présentement à exhorter le nouvel Associé de s'appliquer avec soin, soit à la lecture de nos

livres, et de ceux des autres Philosophes approuvés, ou seul en particulier ou en compagnie de

quelqu'un de ses Confrères; soit à mettre lui-même la main à la pratique, sans laquelle toute la

spéculation est incertaine.

Qu'il se donne garde surtout de l'ennui qui accompagne la longueur du travail, et qu'une impatience

d'avoir une chose qu'il attend depuis si longtemps, ne le prenne point. Il doit se consoler sur ce que

tous les Frères associés travaillent pour lui, comme lui-même doit aussi travailler pour eux, sans

quoi il n'aurait point de part à leur découverte ; fondé sur ce que le repos et la science parfaite sont

la fin, et la récompense du travail, comme la gloire l'est des combats quand le Ciel veut bien nous

être propice; et sur ce qu'enfin la paresse et la lâcheté ne sont suivies gué d'ignorance et d'erreurs.

XIX. ANNIVERSAIRE DE LA RÉCEPTION.

Tous les ans, à jour pareil de sa réception, à moins que l'on ne soit convenu d'un jour commun pour

tous, chaque Associé, s'il est Catholique Romain, offrira à Dieu le saint Sacrifice, en actions de

grâces et pour obtenir de l'Eternel le don de science et de lumières.

Tout Chrétien en général ou tout autre de quelque secte qu'il puisse être, fera la même chose à sa

manière : que si on s'oubliait pourtant de le faire on ne doit pas en avoir de scrupule ; car ce

règlement n'est que de conseil et non pas de précepte.

XX. QU'ON NE SE MÊLE POINT DE SOPHISTICATIONS.

Qu'on s'abstienne de toutes opérations sophistiques sur les métaux de quelques espèces qu'elles

puissent être.

Qu'on ait aucun commerce avec tous les charlatans et donneurs de récentes ; car il n'y a rien de plus

indigne qu'un Philosophe Chrétien qui recherche la vérité, et qui veut aider ses Frères, que de faire

profession d'un art qui ne va qu'à tromper.

XXI. ON PEUT TRAVAILLER À LA CHIMIE COMMUNE.

Il sera permis à ceux qui n'ont point encore l'expérience des choses qui se font par le feu, et qui

ignorent par conséquent l'art de distiller de s'occuper à faire ces opérations sur les minéraux, les

végétaux et les animaux, et d'entreprendre même de purger les métaux, puisque c'est une chose qui

nous est quelquefois nécessaire ; mais que jamais on ne se mêle de les allier les uns aux autres,

encore moins de se servir de cet alliage ; parce que c'est chose mauvaise, et que nous défendons

principalement à nos Frères et associés.

XXII. ON PEUT DÉTROMPER CEUX QUI SERAIENT DANS UNE MAUVAISE VOIE.

On pourra quelquefois aller dans les laboratoires de la chimie vulgaire, pourvu que ceux qui y

travaillent ne soient pas en mauvaise réputation; comme aussi se trouver dans les assemblées de ces

mêmes gens, raisonner avec eux, et si l'on juge qu'ils soient dans l'erreur, s'efforcer de la leur faire

apercevoir, au moins par des arguments négatifs tirés de nos écrits ; et le tout, s'il se peut, par un pur

esprit de charité, et avec modestie, afin qu'il ne se fasse plus de folles dépenses ; mais en ces

occasions, qu'on se souvienne de ne point trop parler ; car il suffit d'empêcher l'aveugle de tomber

dans le précipice, et de le remettre dans le bon chemin ; on n'est pas obligé de lui servir de guide

dans la fuite : loin de cela, ce serait quelquefois mal faire, surtout si l'on reconnaît que la lumière de

l'esprit lui manque, et qu'il ne fait pas de cas de la vertu.

XXIII. ON PEUT DONNER ENVIE D'ENTRER DANS LA SOCIÉTÉ.

Que si entre ceux qui se mêlent de la chymie, il se trouve quelque honnête homme, qui ait de la

réputation, qui aime la sagesse et la probité, et qui s'attache à la science hermétique, par curiosité et

non par avarice; il n'y aura pas de danger de l'entretenir des choses qui se pratiquent dans notre

société et des moeurs de nos plus illustres associés; afin que si quelqu'un était appelé du Ciel et

destiné pour cet emploi, il lui pût par telle occasion venir en pensée de se faire des nôtres, et remplir

sa destinée. Dans ces entretiens, cependant, on ne se déclarera point associé, jusqu'à ce qu'on ait

reconnu dans cette personne les qualités dont nous avons parlé, et qu'on ait pris avis et

consentement de son Patron ; car autre ment ce serait risquer de perdre le titre de Philosophe

inconnu ; ce qui est contre statuts..

XXIV. SE VOIR DE TEMPS EN TEMPS.

Ceux des Confrères qui se connaîtront, de quelque manière que cela puisse être, et de quelque

colonie ou assemblée qu'ils soient, pourront se joindre et réunir ensemble, pour conférer, quand et

autant de fois qu'ils le trouveront à propos, dans certains jours et lieux assignés.

Là on s'entretiendra des choses qui regardent la Société : on y pariera des lectures particulières

qu'on aura faites, de ses méditations et Opérations, afin d'apprendre les uns des autres, tant eh cette

matière qu'en toute autre science.

Le tout sera suivi, autant que faire se pourra» d'un repas en commun, à condition que rien ne s'y

passera contre la sobriété, et que, vivant ensemble, soit dans les auberges, ou autres lieux où Us

prendront leurs banquets, ils y laisseront toujours une grande estime d'eux et de leur conduite : or,

quoique ces assemblées puissent être d'une grande utilité, on n'en impose cependant aucune

obligation.

XXV. S'ENTRETENIR PAR LETTRE.

Il sera aussi permis d'avoir commerce par lettres les uns avec les autres, à la manière ordinaire ;

pourvu que jamais on n'y mette par écrit le nom et la nature de la chose essentielle qui doit être

cachée.

Les associés ne souscriront point ces lettres autrement que par leurs noms cabalistiques; pour le

dessus il faudra y mettre le même, et ensuite ajouter une enveloppe sur laquelle on écrira l'adresse,

en se servant du nom propre de celui à qui l'on écrit. Si l'on craint que ces lettres soient interceptées,

on se servira de chiffres, ou de caractères hiéroglyphiques, ou de mots allégoriques.

Ce commerce de lettres peut s'étendre jusqu'à ceux des associés qui seraient dans les lieux les plus

éloignés du monde, en se servant pour cela de leur Patron, jusqu'à ce qu'on ait reçu les

éclaircissements dont on peut avoir besoin, sur les difficultés qui naissent dans nos recherches

philosophiques.

XXVI. MANIÈRE DE S'ENTRE CORRIGER.

Si l'on vient à remarquer que quelqu'un des associés ne garde pas les règles que nous venons de

prescrire, ou que ses moeurs ne soient pas ; aussi irréprochables que nous le souhaitons; le premier

associé, et surtout son Patron, l'avertira avec modestie et charité; et celui qui sera ainsi averti, sera

obligé d'écouter cet avis de bonne grâce et avec beaucoup de docilité : s'il n'en use pas ainsi, il ne

faut pas tout d'un coup lui interdire tout commerce avec les autres ; mais seulement on le dénoncera

à tous les Frères que l'on connaîtra de son assemblée ou colonie, afin qu'à l'avenir on soit sur la

réserve avec lui, et qu'on n'ait pas la même ouverture qu'auparavant. Il faut néanmoins s'y conduire

avec sagesse, de peur que venant à s'apercevoir qu'on le veut bannir, il ne nuise aux autres : mais

que jamais on ne lui fasse part de la pierre.

XXVII. CELUI QUI AURA FAIT L'OEUVRE EN DONNERA AVIS.

Si quelqu'un des Frères est assez heureux pour conduire l'oeuvre à sa perfection, d'abord il en

donnera avis non pas de la manière que nous avons prescrit les lettres ci-dessus, mais par une lettre

sans jour et sans date, et s'il se peut, écrire d'une main déguisée qu'il adressera à tous les chefs et

anciens des Colonies, afin que ceux qui ne pourront voir cet associé fortuné, soient excités par

l'espérance d'un bonheur semblable, et animés par-là à ne pas se dégoûter du travail qu'ils auront

entrepris.

Il sera libre à celui qui possédera ce grand trésor, de choisir parmi les associés, tant connus,

qu'inconnus, ceux auxquels il voudra faire part de ce qu'il a découvert : autrement il se verrait

obligé de le donner à tous, même à ceux auxquels la société n'a point encore d'obligation ; en quoi il

s'exposerait, ainsi que toute la compagnie, à de très grands périls.

XXVIII. IL EN FERA PART À CEUX QUI LE VIENDRONT TROUVER.

On obligera surtout cet heureux associé par un décret qu'on gardera plus inviolablement que tous les

autres, de faire part de ce qu'il aura trouvé d'abord à son propre Patron, à moins qu'il n'en soit

indigne, ensuite à tous les autres confrères connus ou inconnus, qui le viendront trouver, pourvu

qu'ils fassent connaître qu'ils ont gardé exactement tous les règlements ; qu'ils ont travaillé sans

relâche, qu'ils sont gens secrets, et incapables de faire jamais aucun mauvais usage de la grâce qu'on

leur accordera.

En effet, comme il serait injuste, que chacun conspira à l'utilité publique, si chaque particulier n'en

marquait en temps et lieu sa reconnaissance ; aussi serait-il tout-à-fait déraisonnable de rendre

participants d'un si grand bonheur les traîtres, les lâches, et ceux qui craignent de mettre la main à

l'oeuvre.

XXIX. MANIÈRE DE FAIRE CETTE COMMUNICATION.

La méthode pour communiquer ce secret, sera laissé entièrement à la disposition de celui qui le

possède ; de sorte qu'il lui sera libre, ou de donner une petite portion de la poudre qu'il aura faite, ou

d'expliquer clairement son procédé, ou seulement d'aider par ses conseils ceux de ses compagnons

qu'il saura travailler à la faire. Le plus expédient sera de se servir de cette dernière méthode; afin

qu'autant qu'il se pourra, chacun ne soit redevable qu'à lui-même, et à sa propre industrie, d'un si

grand trésor.

Quant à ceux qui, par une semblable voie, s'en trouveraient enrichis, ils n'auront pas le pouvoir d'en

user de la sorte à l'égard de leurs autres confrères, non pas même de leur propre patron, s'ils n'en ont

du moins demandé la permission auparavant à celui de qui ils auront été instruits ; car le secret est

la moindre reconnaissance qu'ils lui doivent, et celui-ci même ne le permettra pas aisément, mais

seulement à ceux qu'il en trouvera dignes.

XXX. DE L'EMPLOI QUI EN DOIT ÊTRE FAIT.

Enfin l'usage et l'emploi d'un si précieux trésor doit être réglé de la manière qui suit, un tiers sera

consacré à l'Eternel à bâtir de nouvelles Églises, à réparer les anciennes, à faire des fondations

publiques, et autres oeuvres pies.

Un autre tiers sera distribué aux pauvres, aux personnes opprimées et aux affligées de quelque

manière qu'elles le soient ; enfin la dernière partie restera au possesseur, de laquelle il pourra faire

ses libéralités, en aider ses parents et ses amis, mais de telle sorte qu'il ne contribue point à nourrir

leur ambition, mais seulement autant qu'il est nécessaire pour qu'ils glorifient le grand architecte de

l'univers, qu'ils le servent, et leur patrie, et qu'ils fassent en paix leur salut.

Qu'on se souvienne que dans un soudain changement de fortune rarement on sait garder de la

modération ; et même que jusque dans les aumônes qu'on fait aux pauvres, si on ne les fait que par

vanité, l'on peut trouver occasion de se perdre.

Fin des Statuts et Règles de la Société Cabalistique des Philosophes Inconnus de la Société

Cabalistique de la Rose+Croix…

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