mardi 10 novembre 2015

DU GOUVERNEMENT DE L’ORDRE Constant CHEVILLON 1934


 

O toi, qui tiens entre tes mains le gouvernement d’une partie de l’Ordre,

inspire-toi des leçons de nos Maîtres. Sache d’abord qu’après ton accession

à une dignité de l’Ordre, alors seulement commencent les obstacles et les

difficultés, car avoir la charge est une chose, mais la conserver avec utilité

est une autre chose. Tu devras d’abord te rendre compte que seul ton

mérite et seule la confiance de tes chefs légitimes t’ont, par une lente

succession confié des tâches de plus en plus ardues et que tu devras avoir à

􀁆􀂦ur d’augmenter le patrimoine spirituel qui t’aura été confié. Il faut qu’à

ton départ pour l’Orient Eternel, le plus bel éloge que l’on puisse faire de

toi soit : l’ordre l’a élevé, il a élevé l’Ordre.

Le chef de Loge devra répondre à un double but : premièrement être la

Lumière des Lumières, le dépositaire de la tradition secrète, le gardien de la

pure doctrine de notre Souverain Sanctuaire et ensuite, secondement, être

l’ordonnateur habile de tous les rouages administratifs de l’Ordre. Une

grande science est bien, mais elle n’est profitable que lorsqu’elle est

harmonieusement répartie.

La puissance d’un gouvernement réside dans ses lois et dans sa justice,

qui applique et fait respecter ses lois. La puissance de l’Ordre réside dans

ses Grandes Constitutions, dont les prescriptions devront être toujours

suivies à la lettre, à l’exclusion de toute mesure arbitraire ; elle réside aussi

dans l’autorité spirituelle qui les applique avec équité, fermeté et

discernement.

Trop de libéralité nuit à une direction ; les chefs de l’Ordre ne peuvent

tout se permettre ou laisser faire ; ils ne peuvent tolérer, ni anarchie, ni

trop d’indépendance. Une extrême indulgence affaiblit la Hiérarchie et

provoque du désordre. Tu devras te pénétrer de cette vérité : « Que

l’Homme n’est point parfait et qu’il ne faut point lui accorder une

confiance aveugle » ; tu devras avoir confiance en tes Frères sans pour cela

cesser un seul instant d’exercer ton travail de contrôle sur leur labeur, de

façon à remédier à toute faiblesse humaine.

Il t’est conseillé de promettre de l’avancement à tes subordonnés et à

stimuler leur ardeur par des augmentations de pouvoir, sans toutefois

donner jamais de précision sur la date de cet avancement qui ne peut

jamais être précipité.

Le chef de Loge doit savoir adapter sa politique aux circonstances qui

sont en perpétuel changement. Il doit toujours apparaître à ses

subordonnés comme un Maître sévère, juste et incorruptible, sinon il

perdra toute autorité le jour où il apparaîtrait comme trop bon, partial ou

intéressé en quelque matière que ce soit.

Si tu es consulté sur un sujet qui intéresse l’Ordre et que ta décision doit

avoir de grandes conséquences sur la discipline, l’harmonie ou le travail

spirituel, aie soin de ne pas laisser apparaître ton opinion, sache écouter

plutôt que de répondre, interroger plutôt que d’instruire car il te faut le

temps de la réflexion, de l’étude et de la méditation profonde, et jamais tu

ne peux apparaître comme inconstant, contradictoire, léger ou irrésolu.

L’ordre a deux sortes d’ennemis : ceux du dehors et ceux du dedans. Ce

sont ces derniers qui sont les plus dangereux. L’ennemi intérieur naît soit

du désordre, soit du mécontentement, soit d’une injustice, soit d’une

ambition légitime déçue. Veille donc avec soin à ce que l’Ordre travaille

avec régularité et méthode :

· à ce que celui qui travaille soit récompensé et reçoive une

approbation ouverte pour son zèle ;

· à ce que nul passe-droit ne crée des suspicions et des mésententes

entre Frères ;

· veille enfin à tenir les promesses faites.

Le travail et le dévouement devant être les seuls éléments de

l’avancement au sein de l’Ordre, évite de pousser les éléments paresseux,

ignorants, instables ou égocentriques. Montre de la considération à tes

proches collaborateurs, sache les consulter souvent et régulièrement et ne

leur impose jamais de mesures hâtives susceptibles de rompre l’harmonie

de leur travail.

Sache enfin que même en faisant du bien à un Frère, on peut s’en faire

un ennemi car celui que l’on élève trop vite en arrive facilement à se croire

l’égal de son Maître et celui à qui l’on fait des confidences sait parfois les

employer contre vous. Eviter de faire des reproches blessants à un Frère

coupable. Il est des mots qui ne peuvent s’oublier et qui créent la révolte.

Aie soin enfin d’appuyer l’autorité de tes collaborateurs auprès de leurs

inférieurs, car ton autorité est en partie solidaire de la leur. Réprimande

celui qui te cache sa pensée, lis en tous comme dans un livre ouvert.

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