Ambelain Les Rose+Croix

 

(Le Sacramentaire du Rose+Croix)

Avertissement au lecteur

En publiant une très grande partie du formulaire secret des Rose+Croix d’Orient, nous avons

tout tenté de mettre aux mains de tous ceux que passionne le prestigieux plan de la

Rose+Croix générale un véritable outil de travail.

Il est bien évident que les Rose+Croix du XVIII éme siècle étaient profondément

mystiques et chrétiens.

Adversaires du Catholicisme d’alors, (intolérant et impitoyable) ils étaient anticléricaux, et

donc très proches du Protestantisme, l’anti occultisme de ce dernier mis à part. Mais il est non

moins évident que le terme même n’a plus guère d’écho aux seins des milieux qui se parent de

ce nom, les « Rose+Croix » de la Franc-Maçonnerie ne sont pas toujours chrétiens, rarement

occultistes et les « Rosicruciens » modernes ont une orientation différente. Néanmoins, il faut

restituer à César ce qui ce qui lui appartient, et à ce titre, l’Enchiridion que nous présentons

par la première fois au public ne surprendra pas, par son climat mystique, le lecteur de bonne

foi et suffisamment ouvert ; c’est là un manuel authentiquement rosicrucien, et il est

absolument dans l’esprit de ceux qui, seul, eurent dans l’histoire le privilège d’oeuvrer sous ce

vocable et dans porter le nom. Que le lecteur rationaliste, égaré en ses pages ne s’en offusque

donc pas !
1

Les véritables Rose+Croix d’autrefois ne pensaient pas comme lui …

Au surplus occulte, martiniste, maçon, templier, Kabbaliste et gnostique, l’auteur de

ces lignes s’excuse auprès de certains de ses lecteurs, qui désireraient (ou simplement

souhaiteraient) le voir se réserver pour telle manière de leur choix ! Les mystiques déplorent

le voir publier des ouvrages d’occultisme, les occultistes déplorent le voir rédiger des livres de

mysticisme, et les Francs-maçons parfois regrettent qu’il ne consacre pas uniquement au

symbolisme, hautement ésotérique, de leur rites séculaires. Le dit auteur s’excuse auprès de

tous. Mais les raisons qui l’incitent à publier à telle époque tel ouvrage, et à tel autre moment,

tel autre livre, ces raisons ces raisons doivent demeurer secrètes.

Que tous les lecteurs se rassurent, il existe pour tout ceci, des motifs parfaitement

valables et sérieux, motifs qui donnent néanmoins demeuré obscur…

Grâce donc à ces Oraisons secrètes, merveilleusement composées ou sagement

recueillies, reposant sur des traditions ésotériques qui leur permettent de faire vibrer, en un

autre « plan » l’archétype initial auquel elles se rattachent, grâce à elles, le Rosicrucien

authentique pourra oeuvrer, à chaque instant de sa vie et en toute circonstances prévisibles, au

plan général de la Rose+Croix Universelle.

Dès qu’un problème se posera pour lui, dans le cadre de cette action occulte à laquelle il a

librement consenti de collaborer, le rosicrucien n’aura qu’à se souvenir de l’existence de ce

formulaire, dont le forma, d’ailleurs, lui permettra de l’avoir constamment sur lui ou à la

portée de main, il sera certain d’y trouver l’oraison ésotérique propre à résoudre le problème

posé, la rencontre d’un infirme, d’un miséreux, d’un animal blessé, le soulagement d’un

malade, l’assistance à une famille éprouvée, l’arrêt d’un fléau naturel, etc…, pour toutes ces

choses, il rencontrera en ce petit livre, la possibilité d’une action bienfaisante, efficiente,

désintéressée, et que nous lui recommandons de conserver secrète.

Car comme le maléfice le plus redoutable réclame le secret pour être réellement efficient, de

même la bonne action ne sera que plus réelle et plus profonde si elle est accomplie dans le

secret.

Indépendamment de ces buts particuliers, il est évidement que ce formulaire est également un

bréviaire, et que le Rosicrucien pourra l’utiliser ainsi.

La récitation quotidienne de tout ou en partie de ses chapitres, si elle est accomplie par

des milliers de Frères, est à même, à la longue de modifier la marche des événements

banalement prévisibles. « La foi est la substance des choses espérées… », Nous dit Saint Paul.

Mais c’est surtout à ceux qui seront à même de pratiquer les méthodes données dans

le tome premier de notre ouvrage, l’Alchimie Spirituelle, et surtout à ceux qui pourront

appliquer les techniques spéciales qui font l’objet dans le tome second, que nous avons songé

en publiant ce formulaire.
2

Nous ne publions pas, toutefois, certaines oraisons et formulaires très occultes,

véritables procédés d’action, et qui constituent quant à certaines de terribles armes Spirituelles

aux mains de la Rose+Croix.

Ces clés et formules seront remises par nos soins, ultérieument, à un très petit cercle de Frère

dument choisis, en fonction de la doctrine générale et du plan de l’Ordre. C’est Frères ne

seront pas choisis par nous, mais bien par ceux, qui de l’autre côté du voile, continuent de

veiller et sur les hommes et sur le monde, en un mot, par les Maîtres Passés, les seuls

véritables Supérieurs Inconnus…(1)
(1) Ce principe n’est pas nouveau. Dans l’Ordre des Elus Coëns, que constitua au


XVIIIème siècle don Martinez de Pasqually et qui fut le berceau du martinisme.

C’est par une cérémonie théurgique, que Réaux-Croix (le plus haut degré de l’Ordre)

apprenait de la « Chose » si le candidat, parvenait au seuil de cette ultime ordination, est ai

refusé ou accepté, c’était un glyphe lumineux, manifesté par la bougie de cire figurative de

« l’Ange du lendemain » qui donnait la réponse…
a) Aperçus sur l’Ordre


Le lecteur qui désire étudier l’histoire du mouvement rosicrucien, (les véritables, celui

des XVIIème et XVIIIème siècles, et non pas certaines « reconstitutions » américaines

modernes (1) aura intérêt à lire le très beau livre que Sédir consacra à cette question

sous le nom de « Histoire et Doctrine des Rose+Croix ».

Nous y ajouterons F.Wittemans : Histoire des Rose+Croix ; notre études : Templiers et

Rose+Croix, et ainsi le profane serra très suffisamment documenté sur la question.

Leur programme peut se résumer ainsi :

Guérison des malades, aide anonyme aux individus et aux sociétés humaines ou état,

lorsque leur cause est juste ; action politique tendant à l’établissement d’un vaste état

Universel européen d’abord, puis mondial(2)
(1) Ce sont toutefois de bonnes écoles d’occultisme, et leurs membres sont parfaitement


préparés à l’entrée dans les grands Ordres Initiatiques traditionnels, nous tenons à le

souligner ici.
(2) Il est bien évident que l’établissement d’un Etat mondial et le retour à un christianisme


plus près de sa source, ces deux postulats de départ, impliquent ipso facto la

disparition des monarchies héréditaires et l’établissement dans le monde entier d’une

sociologique réellement chrétienne, programme que l’Eglise Catholique elle-même,

sous la poussée de certains évêques, épouse et épaule depuis plusieurs années avec ses

propres encycliques, mais qui est également combattu avec violence par les milieux
3

intégristes, religieux et laïques. Sans doute ignorent-ils volontairement la parole du

Christ : « Ce qui est élevé devant les hommes est une abomination devant Dieu… »

(Luc, XVI, 15.)

Action religieuse, tendant un retour à un christianisme plus pur, plus près de sa source, et

surtout dépouillé de l’imagerie exotérique habituelle ; enfin et par l’action de frères de la

Rose+Croix, réintégration de l’homme et de la nature entière dans son état primitif. Ce

programme a était confié à des organisations moins mystérieuses, plus près du monde

profane. Parmi ces mouvements initiatiques, nous nous citerons les plus connus : le

Martinisme, la Franc-Maçonnerie. Si étrange paraisse notre affirmation, les deux branches de

la Franc-Maçonnerie, rationaliste, collaborent toutes les deux à la réalisation du programme

général des Rose+Croix, dans le plan politique et sociologique. Le Martinisme s’est vu

confier une tâche particulière, plus occulte et plus ésotérique, pour la réalisation de leur vaste

plan, couvrant nécessairement de leur vaste plan, couvrant nécessairement plusieurs siècles

des temps moderne, les Rose-Croix ont utilisé l’ensemble des connaissances occulte

traditionnelles ; Alchimie et spagirie, Magie Théurgie, Astrologie, naturelle et surnaturelle.

Leur doctrine est un combiné de gnose chrétienne et de kabbale judaïque. Ce sont, en fait, des

kabbalistes chrétiens.

Le fondateur légendaire, Christian Rosenkreutz, qui aurait vécu au XIII éme siècle, en

Allemagne, a jusqu’à présent échappé à toutes les recherches et conclusions scientifiques

sérieuses. En fait il s’agit d’un hiéronyme. L’hébreu rôz (rosah) signifie secrets, rosen signifie

prince, et en la même langue, korôz signifie héraut. C’est ainsi que Keraziel, en hébreux

héraut de Dieu, et dans l’angéologie juive, le nom de l’Ange de la proclamation. Ainsi

Rosenkreutz ne serait nom germanique qu’n apparence ; en réalité il s’agit d’un nom de

fonction, par déformation de l’hébreux rosah korôz, signifiant ainsi héraut du secret, ou héraut

secret, ce qui qualifie parfaitement la fonction des Rose+Croix. Mais quel secret ? Ce nom

désigne Dieu lui-même, dans les écritures ésotériques ; qui s’agisse de Siphra DiDzéniutha,

des commentaires de la traditionnelle Gemara, du Talmud ou des écritures saintes, tout

particulièrement le livre de Daniel (II,19), Dieu est son secret lui-même… Le Rosah Korôz de

la Rose+Croix n’est que le Héraut de Dieu, et à ce titre, le véhicule de l’Ange Keraziel.

On observera que Rosen (signifiant prince), donne une signification très proche :

Prince-héraut, avec Rosen Korôz. Quant au Prince du Royal-Secret, de la Franc-Maçonnerie

(Rite d’Heredom et Rite Ecossais), source de tant de fines plaisanteries chez les antis maçons,

il a un rapport évident avec le plan rosicrucien primitif et ses réalisations politiques.

* * *

Le Sacramentaire que nous publions ici est particulier à une des branches de la

Rose+Croix générale, celle dite des Rose+Croix d’Orient. Nous avons effleuré cette question

dans un précédent ouvrage (1) et nous bornerons à renvoyer le lecteur à certains chapitres qui

seront relus avec fruit, tels ceux sur Elias Artista, La Rose sur la Croix ou le secret des

symboles, et La Rose+Croix, dans lequel nous rappelions le rôle joué auprès d’Henri IV par le
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Rose+Croix Irénée Philalèthe, qui lui inspira son « grand dessein » d’abaissement de la

maison d’Autriche et de la création d’une sorte de ligue européenne.
1) Templiers et Rose+Croix, Adyar, Paris 1955.


Gérard Heym dans la revue Initiation et Science (1963, n°57), a cité l’Ordre des Frères

Asiatiques, dit encore Chevaliers de Saint- Jean l’Evangéliste, réorganisé vers 1750, puis

vers 1780, et donc le berceau se situait à Thessalonique. Il s’agit en fait des Frères de la

Rose+Croix d’Orient, Papus (le Docteur Gérard Encausse) avait reçu, avant 1914, d’un

membre du Suprême Conseil de l’Ordre Martiniste, qui avait lui-même reçu au Caire, la

Filiation desdits Rose+Croix d’Orient. Nul autre que Papus ne la posséda, pas même

Teder, son successeur, au sein du Martinisme d’alors.

Il convient d’ailleurs d’observer que l’Asie n’a rien à voir avec cet Ordre de chevalerie

ésotérique. Il s’agit en fait de la contraction des lettres désignant la qualité, de façon à

constituer un sigle, une abréviation.

En effet, le Candidat à son entrée dans l’Ordre, recevait l’ordination d’Eques A Sancti

Joannis Evangélistae, mots dont les Initiales regroupées, donnent EASIE. Le Manteau

d’Ordre était noir, doublé intérieurement de blanc, le tout en laine, tombant à quelques

doigts du sol. Le noir, à l’extérieur, signifiait selon la tradition classique : prudence,

sagesse, constance dans l’adversité et les périls, humilité, connaissance cachée. Couleur

du deuil il signifiait que l’initié était mort au monde. A l’intérieur, le blanc signifiait la

lumière intérieure, la vérité absolue, la régénération dans et par l’au-delà, la pureté de

l’âme. Sur l’épaule, le manteau d’Ordre était frappé d’un chrismon rouge, le chrismon

primitif, cité par Saint Jérôme et qui se présente ainsi qu’un X superposé à I majuscule.

Sous le Manteau, l’Eques portait un sautoir et un bijou particulier (1)

Selon un document figurant en nos archives privées, et qui émane de celui qui transmit

cette ordination à Papus, c’est à la Rose+Croix d’Orient que ce rattacherait l’ordination

conférée par don Martinez de Pasqually à ses Réhaux+Croix, au XVIIIème siècle.

Parallèlement, ce mouvement suscita la méthode de la voie intérieure, diffusée par L.Cl.

de Saint-Martin, et qui repose sur l’Alchimie matérielle, transposée dans le plan spirituel.

Nous pouvons signaler que deux villes étaient particulièrement importantes pour les

Chevaliers de Saint Jean l’Evangéliste : en Italie : Venise, et en France : Marseille.

Aujourd’hui encore, la crypte de Saint-Victor et sa célèbre Vierge Noire jouent un rôle

éminent pour ce qui subsiste de l’Ordre, et bien peu de gens sens doutent ! Car la Vierge

Noire, de Saint Victor comme d’ailleurs, est la Patronne de l’Ordre.
1) Dans les Assemblées Chapitraires, bien entendu. Ce bijou était noir et blanc, le


coté blanc se portait contre la poitrine

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5

Le présent sacramentaire est composé de prières dont certaines remontent aux

premiers siècles de l’ère chrétienne. D’autres sont plus récentes. La majorité de ces Oraisons

repose sur une règle occulte qu’Agrippa évoque en sa célèbre Philosophie Occulte. L’Ecriture

Sainte est un recueil de faits historiques qui ont leurs racines dans le monde des archétypes.

Pour rendre plus efficiente toutes oraison, il est donc nécessaire de la rattacher au fait auquel

elle peut se référer, et donc à son archétype céleste. Ainsi, pour une traversée maritime

paisible, la prière devra évoquer (ce mot parle…) la traversée de la Mer Rouge par les

Israëlites conduits par Moïse. Parce que cette traversée n’est pas seulement un fait historique,

mais aussi l’Image Permanente du cheminement des Ames Humaines, traversant les

mystérieuses « eaux » dont parle la Genèse, et se dirigeant vers la Cité Céleste.

Choses étrange, certaine de ces Oraisons sont apparues à une date relativement récente

(XVIème siècle) dans le sacramentaire de certaines grandes Eglises. Communication ?

Indiscrétion ? Mystère…

L’original de ce sacramentaire (un cahier d’écolier), était rédigé en grec. Il fallut le

faire traduire, puis, de la traduction littérale, passer à une forme plus littéraire, et adapter

certaines Oraisons à la vie moderne. C’est ainsi que la bénédiction de la monture du voyageur

est devenue celle d’un véhicule. Néanmoins, nous espérons que tel quel, ce formulaire sera

accueilli avec faveur par les Kabbalistes, gnostiques, martiniste, et tous les mystiques

chrétiens hétérodoxes, et ne relevant pas d’une grande Eglise.

Enfin, nous avons cru bon de compléter ce travail par quelques formules ou Oraisons

d’exorcismes particuliers, que ne comportait pas le manuscrit original et que le lecteur sera

heureux de voir ajoutés à l’ouvrage primitif.

Ainsi que nous l’avons dit dans la note préliminaire sur les Rose+Croix, ceux-ci,

familiers de toutes les connaissances occultes, les ont utilisées, au XVIIème et XVIIIème

siècles, pour mener à bien la mise en route de leurs plans. Il n’est donc pas surprenant de voir

le présent sacramentaire complété d’un ensemble de formes rituelles. Que le lecteur ne

néglige pas ces dernières, sous le fallacieux prétexte d’une « simplicité » de bon aloi ! Les

rites sont les véhicules et les amplificateurs de puissance du verbe humain.

Il est d’usage, selon la traduction qui nous fut communiquée, que l’Opérant soit

dépouillé du maximum de vêtements profanes et de tous objets métalliques. Il revêt alors une

aube de lin blanc, et une cordelière de même nuance. Il est chaussé de sandales réservées

strictement à ces opérations. Pour les Oraisons, il opère tête nue. Pour les exorcismes, il est

coiffé d’une capuche liée à l’aube, ou d’un amict de lin. Il opère devant un autel ainsi

composé : une nappe de soie jaune d’or, sur laquelle est posé l’Evangile de Jean, ouvert au

premier chapitre, flanqué de deux flambeaux garnis de cierge de cire d’abeille. L’original ne

parlait pas d’encens, mais nous estimons qu’il s’agit d’une omission du copiste, et qu’un

encensoir ou un brule-parfum, garni de braises, une navette à encens, permettrons de créer une

atmosphère plus mystique et plus efficiente.

Nous ajouterons que l’usage d’honorer l’Evangile et de lui faire assumer le rôle de

condensateur de la présence du Christ, était déjà connu aux temps des empereurs d’Orient. A
6

Byzance, l’empereur avait à sa droite un siège richement orné, sur lequel était déposé, à demi

déroulé, le parchemin où était transcrit l’Evangile lui-même, un flambeau allumé. L’ensemble

était censé figurer le Christ, invisible mais présent. Cet usage fut adopté par la suite par les

Cathares.
b) Résumé de la Doctrine



La Doctrine des Rose+Croix du XVII éme siècle (qu’il ne faut pas confonde avec des

systèmes modernes soi-disant rosicruciens) est celle du Martinisme, tant de Louis

Claude de Saint-Martin que de son maître Martinez de Pasqually. En fait c’est celle des

Kabbalistes chrétiens du Moyen-Age et de la renaissance. Il nous parait indispensable

d’en donner un résumé, qui, seul, est ainsi à même de faire comprendre un grand

nombre des opérations et des prières composant ce formulaire, de les justifier, et dans

souligner l’importance.

Elle, en fait, que l’ésotérisme de la tradition judéo-chrétienne, expurgée des

enfantillages et de l’imagerie classique.

* * *

1) De la Création



Dieu, Etre Essentiel, Eternel, existant par Soi et en Soi, sans besoins et sans variations,

infiniment bon, infiniment sage, parce qu’infiniment parfait, est aussi tout- puissant.

Etant tout-puissant et éternel, sa toute éternité sur des Créature :

« Le Seigneur m’a possédé au Commencement de ses voies, avant Ses OEuvres les

plus anciennes… »

(Proverbes, VII, 22.)

« Car je vais créer de nouveaux Cieux et une Terre nouvelle. Et tout ce qui a été

auparavant, s’effacera de la mémoire, sans qu’il revienne à l’Esprit… » (Isaïe, LXV, 17.)

« Car comme les Cieux nouveaux et la Terre nouvelle que je vais créer

subsisteront toujours devant Moi, dit le Seigneur, ainsi votre nom et votre race

subsisteront éternellement… » (Isaïe, LVI, 23.)

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« Mon Père et Moi ne cessons point d’agir… »

(Jean, Evangile, V, 17.)

« Maintenant donc, mon Père, glorifies-Moi en toi-même, de cette Gloire qu j’ai

eu en Toi avant que ce monde fut… »Jean, Evangile, XVII, 5.)

Ainsi donc, les Créations succèdent au Créations, les Univers, probablement

séparés par des périodes de Non-Etre, analogues au fameux « septième jour », durant

lequel « Dieu se reposa ». (Genèse, II, 1.)

Lorsque les Etres intégrés dans une de ces Créations se sont librement manifestés

par leurs actes, par une sorte d’autodétermination, lorsqu’intervient la fin de cette

Création, ils demeurent fixés dans l’état final où ils sont parvenus. Et c’est une sorte de

Feu mystérieux qui les fixe, les durcit et les trempe pour leur qu’ils ont à jouer dans la

création suivante.

Ainsi, fixés dans le Mal, ils demeureront, dans la Création nouvelle, des

instruments de tentation, de corruption, de destruction. Ce seront des démons.

Fixés dans le Bien, ils demeureront dans la création nouvelle des instruments de

libération, de purification, de création. Ce seront des Anges, ou des Ames choisies et

mises à part, selon l’heureuse expression de Saint Paul.

A l’égard des Créatures non fixées, parce qu’issues pour la première fois hors du

Non-Etre, les unes et les autres joueront leur rôle, tout en portant en soi son propre

enfer ou son propre paradis, état qui durera autant que la Création à laquelle elles

participent.

Ces Créations sont nommées « siècles » dans les Ecritures. Les versions grecques

emploient le mot « éons ». Elles constituent une Création générale. Cette dernière est

alors nommée le siècle des siècles.

2.- De la Préexistence des Ames

Le mot Adam ne désigne pas un être charnel, mais une collectivité. Ont dit Adam

comme on dit le régiment ou la marine. L’Homme Premier était un égrégore, une

chorégie, et c’est l’esprit central de cette chorégie, qui était le véritable Adam, la cellule

motrice. D’où le mot d’Origène : « Les Ames ont préexisté, comme une sorte de

peuple… » L’Ecriture nous confirme cette notion :

« Comme Levi était dans le sein d’Abraham, d’où il fut choisi… » (Paul,

Hébreux, VII, 9.)

« Et nous tous avons péché en eux… » (Paul, Romains, V, 12.)

« Ce n’est point pour vous seuls que je fais cette alliance et ces exécrations, mais

pour tous ceux qui, présent devant le Seigneur notre Dieu, ne sont point encore avec

nous… » (Deutéronome, XXIX, 14,15.)

8

« Je ne contesterai pas éternellement et je ne m’irriterais pas jusqu’à la fin, parce

que l’Esprit, sortira de Ma Force, et que j’ai créé les Ames… » (Isaïe, LVII, 16.)

« Avant de t’avoir formé dans l’utérus, je t’ai connu, et je t’avais imposé la

Science. Et avant que tu sois sorti du sein de t mère, je t’avis sanctifié… » (Jérémie, I, 5.)

« Et j’ai loué plus abondamment les morts que les vivants, et j’ai jugé plus

heureux qu’eux encore, celui qui n’est pas encore né », et qui n’a jamais vu les maux qui

se font sous le soleil… » (L’Ecclésiaste, IV, 2, 3.)

« J’étais un enfant plein d’intelligence, j’avais reçu de Dieu une âme bonne, et

devenant meilleur de plus en plus, je suis alors venu dans un corps pur… » (Sagesse,

VIII, 19 ,20.)

« Vous n’êtes tous qu’un seul qu’un seul Corps et qu’un seul Esprit, de même que

vous n’avez été appelés qu’à une seule espérance… » (Paul, Ephésiens, IV, 4.)

La plupart des citations bibliques relatives à la Préexistence des Ames furent

souvent et à tort retenues pour des arguments en faveur de la Réincarnation des Ames,

par les partisans de celle-ci, la confusion pouvait être facile.

3. – De la Tentation et de la Chute Originelle

La notion de Tentation (par le Principe du Mal et par les Etres qu’i a entrainés

dans son orbe), pour les Ames Préexistante, fait partie intégrante du judéochristianisme.

Nier qu’il y ait eu chute et dégradation spirituelle, c’est nier l’Incarnation

du Christ ; et retirer toute valeur à la Rédemption, c’est également nier la valeur de Son

Sacrifice. Tout ceci est impensable pour un chrétien.

On peut donc concevoir cette chute comme l’éclatement de l’égrégore dont nous

parions plus haut, la dispersion de la collectivité, sa corruption, analogue à celle qui suit

la mort corporelle. Et comme il s’agit là d’une chute causée par une dégradation

spirituelle, celle-ci implique une descente dans les plans d’existence correspondants,

c’est-à-dire les plus inférieurs, par l’effet d’ matérialisation progressive, menant vers

l’animalité, et même au-delà.

« Et ils entrelacèrent des feuilles de figuier, et ils s’en firent de quoi se couvrir… »

(Genèse, III, 7.)

« Le Seigneur fit aussi à Adam et à son épouse des vêtements de peau, dont il les

revêtit… » (Genèse, III, 21.)

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4.- De la Rédemption de l’Homme

De même qu’une Intelligence perverse avait enténébré les Ames préexistantes au

point de les faire déchoir, de même ce sera une Intelligence pure qui les réilluminera :

« J’ai vu tos les homme vivants qui marchent sous le soleil, et aussi le second

Adolescent, qui doit se lever, en la place de l’Autre… » (L’Ecclésiaste, IV, 15.)

De très nombreux versets de l’Ancien Testament parlent du Messie, de sa venue

et des circonstances de celle-ci. Le prophétisme messianique est un des éléments les plus

considérables (et aussi des plus saisissants) des Ecritures.

Si l’on imagine un collier, on observera qu’il n’est jamais nommé autrement : on

dit « le collier ». Rompons le fil. Les perles s’échappent, tombent à terre et roulent dans

toutes les directions. Dès lors, il n’est plus question de collier ; on part à la recherche

« des perles ».

Les unes iront se perdre sous les meubles, dans des recoins obscurs. Il faudra

attendre longtemps avant de les trouver, malgré les recherches, et souvent fortuitement.

D’autres seront rapidement récupérées, elles ne seront jamais éloignées du point de

chute, ni de la vision du propriétaire du collier.

Car les perles en elles, chacune, leur propre destin, comme les Ames préexistantes

portent en elles le leur, par l’effet de la prédestination. Car les perles sont, elles aussi,

soumises à des destins propres, en fonction de l’instant de leur création individuelle.

Lorsque le propriétaire les aura récupérées, il les enfilera de nouveau sur un fil

neuf, dans l’ordre initial de leur placement primitif, qui était fonction de leur grosseur et

de leur orient. Et lorsque cette reconstitution sera terminée, de nouveau on rappellera

du « collier », et on ne dira plus « les perles »…

S’il en manque, l’absence sera due à l’imperfection des moyens utilisés pour leur

recherche, ou à la négligence du cherchant, ou au peu de durée de cette recherche. Mais

si notre propriétaire est un être parfait, s’il possède tous les moyens nécessaires pour

rechercher ses perles, et s’il a tout le temps et aucune impatience, il les récupérera

toutes.

Remplaçons les perles Ames, le collier par l’homme total, et le propriétaire par

Dieu. Tout le problème de la restitution finale est résolu, et l’Apocatastase est alors

justifiée.

5.- De la Rédemption de la Nature

La dégradation de l’Adam-Premier a suscité celle de toute création originelle

dont il était l’élément ordonnateur et conservateur (1). Celle-ci constituait l’Image

Idéale, contenant les prototypes de toutes les Créatures (végétale ou animale) selon la

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doctrine platonicienne. C’est pourquoi, dans le fameux « Jardin d’Eden » (en réalité le

monde idéal, purement spirituel et non matériel), les animaux et les végétaux cités par la

Genèse ne sont que des Archétypes essentiels, contenant, chacun, toutes les âmes

préexistantes des êtres de son espèce. L’Eden était donc le monde de l’Essence. Après la

chute, ce qu’il contenait se dégrada et devint celui de la Substance, résultat de cette

matérialisation.

C’est pourquoi, la rédemption (effectuée), et la réintégration (progressive) de

l’homme, oeuvre du Christ, doivent nécessairement être suivies de celle de toute la

nature. Et ce travail est celui de l’homme, bien que sa propre rédemption ait amené une

purification in principio de la Création déchu. Que l’on relise le célèbre passage des

actes des Apôtres, chapitre X, verset9 à 16, et on comprendra alors

(1), C’est là la signification, réelle et profonde, du verset de la Genèse : »le sol sera

maudit, à cause de toi…Il te produira des épines et des ronces… » (Genèses, III, 17-18.)

_____________________

Le sens ésotérique de la parole : « Ce que Dieu a purifié, ne le regarde plus comme

souillé… » (Op. cit., X, 15.)

Cette réintégration des âmes, autres que les âmes humaine (âmes végétatives et

sensibles éparses dans la Nature), est donc évoquée d’ailleurs dans l’Ancien Testament

lui-même :

« Qui sait si le souffle (1) de l’homme monte en haut, et si le souffle de la bête

descend en bas ?... » (Ecclésiaste, III, 22.)

« L’homme et la bête, en effet, le Seigneur les sauve ! » (David, Psaumes, XXVI,

3.)

« Et Jérusalem ne sera plus alors entourée de murailles à cause de la multitude

d’hommes et d’animaux qui seront au milieu d’elle… » (Zacharie, II, 4.)

6. – De l’Apocatastase ou Réintégration finale

Il n’y a pas d’enfer éternel, il n’y a que des séjours dans une Création ; séjours

correspondant à l’état ultime dans lequel la Créature s’est trouvés fixée lors de la fin de

l’Univers auquel il a participé. Il en est de même donc, semble-t-il, du paradis qui, eu

égard à ce monde de raisonnement, serait impermanent et transitoire, la Créature

pouvant, par sa tiédeur, de nouveau démériter et déchoir. En fait, ce second point, n’est

pas susceptible d’être retenu, le stade de perfectibilité accessible à la Créature devant lui

permettre finalement de ne plus être accessible à une tentation quelconque. De plus, la

période d’autodétermination de l’être étant terminée,

(1) Souffle, dans le texte hébreu original, se dit ruah (féminin), et désigne l’âme



11

Dieu, par un effet de Sa Grâce, ne l’induit plus en tentation, pour paraphraser la

prière par excellence, le « Pater ». Il retire au Entités ténébreuses tout pouvoir sur la

Créatures ayant enfin terminé son cycle de manifestations probatrice.

Cette fixation finale dans le bien, les Ecritures nous en donnent témoignage.

« Les Temps ordonnées par lui étant accomplis, il réunirait tout Jésus-Christ

comme dans le Chef (la Tête), tant ce qui est dans le Ciel que ce qui est sur la terre…

(Paul, Ephésiens, I, 10.)

« Enfants d’Israël, vous êtes à Moi, dit le Seigneur. Mais les enfants des

Ethiopiens ne M’appartiennent-t-ils pas eux aussi ? J’ai retiré Israël de l’Egypte,

mais j’ai également tiré les Philistins de la Cappadoce, et les Syriens de Cyrène… »

(Amos, IX, 7.)

Dans l’exégèse ésotérique de l’Ecriture, les noms des peuples ennemis d’Israël

sont emblématiques des races démoniaque. Les Cappadociens, peuple nommés en

hébreux Caphthotim, du mot désignant la pomme et la grenade, sont des anges

déchus, la pomme étant l’emblème de la Connaissance et du Mal (jeu de mot latin

malum) et la grenade l’étant du monde d’en bas. C’est parce qu’elle a avalé six

pépins de grenade que Perséphonia ne pourra revenir près de sa mère Déméter, dans

le monde des vivant, après son enlèvement par Hadès.

Tout comme Israël (en hébreux : « homme de Dieu »), n’est que l’humanité tout

entière, l’ensemble des Ames humaines. Et d’Egypte, la Cappadoce, Cyrène,

désignent des Créations différents, des univers.

« Ceux qui demeure au-delà des fleuves d’Ethiopie viendront m’offrir leurs

prières, et les enfant de Mon Peuple, dispersés en tant de lieux, m’apporteront leurs

présent… » (Sophonie, III, 10.)

L’Ethiopie : Chus, noirceur) désigne ésotériquement les noirs, c’est-à-dire les

Anges tombés.

« Car je vais donner Mes ordres, et je ferai que la Maison d’Israël sera agitée

parmi les Nations comme le blé est remué dans le crible, sans néanmoins qu’il en

tombe à terre un seul grain… » (Amos, IX, 9.)

On sait que le blé, le froment, sont les symboles des Ames, dans la littérature

sacrées, particulièrement du Nouveau Testament, le Christ étant à la fois le divin

Semeur, et le Moissonneur par excellence, comme le Diable le semeur d’vraie (1).

« Lorsque j’aurai fait revenir devant Vos yeux toute la troupe des captifs… »

(Sophonie, III, 20.)

C’est le Christ qui parle et s’adresse ici à Son Père. Il dit revenir, ce qui est

également un argument en faveur de la Préexistence des Ames.

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Qu’on ne s’imagine pas toute fois que Dieu, par faiblesse, indulgence et lassitude,

pardonnera aux Rebelles sans que ceux-ci ne viennent à résipiscence et aient réparé

les maux qu’ils causèrent. En Lui, la Justice équilibre la Miséricorde. Nulle rigueur,

nulle faiblesse en lui, à chacun selon son dû :

« Les Ethiopiens se prosterneront devant lui, et ses Ennemis baiseront la

terre… » (David, Psaumes, LXXI, 9.)

« Le loup paitra avec l’Agneau… » (Isaïe, LXV,25.)

Voir également Daniel, IV, 28-34.

(1) C’est lui qui secoue le Crible, et on observera que la Sorcellerie utilise les



mouvements de cet objet pour deviner, tout comme la Théurgie utilise l’Evangile

selon saint Jean et la Clé, de la même façon. Cela, parce que le Crible est

l’antithèse ésotérique de l’Evangile.

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