La Kabbale Pratique par Wynn Westcott
18 octobre 2005 1 Commentaire Par Spartakus FreeMann
Considérons la Kabbale Pratique avant la Dogmatique ; il se peut qu’elle ait précédé la Philosophie
Théorique car elle était au départ concernée par l’étude intime du Pentateuque ; une recherche
basée sur la théorie que chaque phrase, mot et lettre fut donnée par l’Inspiration Divine et que pas
un point ou un Yod (le Yod est la plus petite lettre hébraïque) ne doive en être ignoré. Les Rabbis
comptaient chaque mot et chaque lettre et alors que leurs nombres étaient représentés par leurs
lettres, ils comptaient la numération de tous les noms et titres de Dieu ainsi que tous les noms
propres, ainsi que la numération des phrases contenant des commandements divins.
Les lettres et nombres hébraïques sont :
* Les valeurs des lettres finales sont indiquées en bleu :
Il est à noter que le nom divin Yah donne 15 et par conséquent, l’usage veut que le nombre 15
s’écrive avec un 9 et un 6, טו , Teth et Vav.
Les Rabbis de la Kabbale confèrent une signification naturelle aux mots de la Torah ou aux Livres
de la Loi de l’Ancien Testament en tant que guides vers une connaissance de la conduite probe dans
la vie et comme lecture adéquate pour la Synagogue et la maison mais ils soutiennent que chaque
verset, chaque loi et chaque accident ont aussi une signification mystique profonde et occulte que
l’on peut trouver dans le calcul, les permutations et les substitutions, selon les règles de la
Guematria, du Notariqon et de la Temurah : le premier terme est d’origine grecque, le deuxième
d’origine latine, mais le troisième est d’origine hébraïque, תמורה , de la racine מטר , changer.
Le plus célèbre Rabbi du XVIIème siècle appelé Menasseh ben Israël, comparait les Livres de
Moïse au corps de l’homme, les commentaires appelés Mishna à l’âme, et la Kabbale qu’il appelait
Esprit de l’âme : « les gens ignorants peuvent étudier les premiers, les gens instruits les seconds,
mais les plus sages dirigent leur contemplation aux troisièmes » ; c’est eux qu’il appelait les
kabbalistes – les divins théologiens possédaient les treize règles par lesquelles ils peuvent pénétrer
les mystères liés aux Écritures.
De nombreux kabbalistes proclament que leurs doctrines et leurs méthodes furent apportées des
Cieux au premier homme par des Anges, et ils croyaient tous que les quatre premiers Livres du
Pentateuch contenaient leurs doctrines particulières aussi bien sous la forme de narrations que de
lois.
Le Zohar dit : « Si ces Livres de la Torah contiennent seulement des histoires à propos d’Esaü,
d’Hagar, de Laban et de Balaam pourquoi les appeler Lois Parfaites, Loi de la Vérité, Véritable
Témoin ? Il doit exister une signification cachée ». « Sot est l’homme qui dit que la Loi (Torah)
contient seulement des paroles communes et des histoires : si cela était vrai nous pourrions même à
notre époque composer un livre doctrinal qui serait plus respecté. Non, chaque mot a un sens
sublime et est un mystère du ciel. La Loi ressemble à un Ange : pour faire descendre un ange
spirituel sur terre l’on doit mettre un vêtement connu et compris d’ici bas, ainsi la Loi doit s’être
habillée de vêtements de mots comme le corps des hommes ; mais le sage regarde sous ces
vêtements ».
À certaines époques, les juifs ordinaires et même les Pères chrétiens ont fait des déclarations
similaires sur la signification littérale et mystique des Écritures. Le Talmud dans le livre Sanhedrin
remarque que le Roi d’Israël Manasseh se demandait si Moïse n’aurait pas pu raconter quelque
chose de plus de valeur que les histoires de Timnah la concubine et de Rachel et ses maris, et on lui
répondit qu’il y avait une signification occultée dans ces narrations.
Le Père chrétien Origène (253 de notre ère), dans ses Homélies, a écrit que tous devaient considérer
ces histoires, la création du monde en six jours et Dieu plantant les Arbres dans le jardin d’Éden,
comme des figures de style sous lesquelles un sens plus profond est caché. Origène attribuait une
triple signification – somatique, psychique et pneumatique – le corps, l’âme et l’esprit de l’Écriture.
Nicolas de Lyre, qui mourut en 1340, acceptait quatre modes d’interprétation : la littérale,
l’allégorique, la morale et l’analogique ou mystique. En ceci il suit presque le schéma du Zohar II,
99 dans lequel il y a une parabole comparant la Loi Sacrée à une femme amoureuse qui se révèle à
son ami et amant, premièrement par signes, ramaz, ensuite par des mots soupirés, derush, enfin en
conversant face révélée, hagadah et finalement elle se révèle entièrement et dit tout son amour, sod,
association dans le secret, mystère.
Les kabbalistes ont découvert de profondes significations dans chaque lettre hébraïque, communes
et finales, et trouvèrent des secrets dans les grandes lettres, les lettres mal placées et dans des mots
écrits de manière inhabituelle. À des époques différentes, ils représentaient Dieu par un Aleph, ; א
ou par un Yod, י ; ou par un Shin, ש ; ou par un point au sein du cercle ; ou même par un triangle ;
et encore par une décade de 10 yods.
La Guématria était un mode d’interprétation par lequel un nom ou un mot ayant une certaine valeur
numérique est supposée avoir un lien avec d’autres mots ayant la même valeur numérique ; ainsi
certains nombres peuvent représenter différentes idées et s’interprétaient les unes les autres. Par
exemple, Messiah, épelé, משיח , vaut 358, ainsi que la phrase יבא שילה , Siloh viendra ; et ainsi, ce
passage de Genèse 49, 10 était considéré comme étant une prophétie sur le Messie. Notez que
Na’hash, נחש , le Serpent, vaut aussi 358. La lettre Shin, 300 , ש, devint un emblème de la divinité
par sa correspondance avec Ruach Elohim, , רוח אלהים , l’Esprit du Dieu Vivant.
Le Notariqon est de deux formes : un mot est formé à partir de l’initiale et de la lettre finale d’un
mot ; ou les lettres d’un nom sont prises comme initiales ou finales d’un mot ou d’une phrase. Par
exemple, Deut. 30 12, Moïse demande « Qui ira pour nous au Ciel ? » La lettre initiale des mots
מע חעלה לנו השמילה , à partir du mot מילה , Milah, qui signifie circoncision et les lettres finales
sont יהוה , le nom de Dieu. D’où il a été suggéré que la circoncision était un moyen d’atteindre
Dieu.
Amen, אמן , est issu des initiales d’Adonaï melekh namen, le Seigneur et Roi fidèle, et le fameux
mot de pouvoir utilisé pour les talismans, אגלא est formé à partir des initiales des mots « Ateh
gibor leolam Adonaï« , Au Seigneur, la puissance, à jamais.
La Témura est un procédé plus complexe et qui a mené à une variété immense de curieux modes de
divination : les lettres d’un mot sont transposées selon certaines règles et avec nombre de
limitations ; ou encore, les lettres d’un mot sont remplacées par d’autres lettres selon un schéma
défini, souvent sous forme de diagrammes. Par exemple, une forme assez commune était d’écrire
une moitié d’alphabet sur l’autre dans un ordre inversé, et ainsi, la lettre א était remplacée par la
lettre ת, et ב par ש, et ainsi de suite. Suivant cette règle, le mot Sheshak (Jérémie 25, 26) est censé
signifier Babel, cette permutation est connue comme אתבש , Atbasch. Selon ce principe nous avons
21 autres possibilités et l’ensemble était appelé « La Combinaison de Tziruph ». Les autres formes
étaient « rationnelles », « droites », « inverses » et « irrégulières » et étaient obtenues par des carrés
de 22 cases dans chaque direction, donc 484 carrés secondaires dans lesquels on inscrivait les lettres
afin de les lire dans tous les sens. La « Kabbale des Neuf Chambres » est un procédé de ce type.
Un développement supplémentaire de l’art numérique existe dans les modes « Contraction » et «
Extension ». Ainsi, יהוה , de valeur 26, est étendu en יוד הא וו הא , et donc vaut 20 + 6 + 12 + 6 =
44. Par extension, ז Zaïn, 7 vaut 28 ou 10. Le Tétragramme, 26 , יהוה est 8 et El Shaddaï, , אל שדי
345 vaut 3.
Dans le très ancien Sepher Yetsirah on trouve des allocations de lettres aux planètes, à partir de cette
origine s’est développé un système de talismans écrits sur des parchemins ou gravés sur des
médailles ou des pierres. Comme chaque planète avait une lettre et un nombre, à chacune fut
allouée un Carré Magique, ainsi, pour Jupiter le 4 était le nombre et Dalet la lettre. Jupiter avait un
carré de 16 cases et chaque ligne valait 34 et le Carré totalisait 136. Chaque talisman portait au
moins un nom de dieu afin de le sanctifier. Les noms les plus significatifs étaient יה , Iah, ,הלה
Eloah, יהוה , le Nom de 42 lettres : Aheie asher aheie, Iah, Iehuiah, El, Elohim, Iehovah, Tzabaoth,
El Chaï and Adonaï.
Le Shemhaephorash, ou Nom Inneffable était un Nom de Pouvoir très célèbre et était formé de trois
fois 72 lettres, les mots des trois versets 19, 20 et 21 de l’exode XIV étaient pris : les lettres du
verset 19 étaient écrites, ensuite celles du verset 20 étaient écrites, dans l’ordre inverse et enfin
celles du verset 21 dans l’ordre normal. Cela nous donne 72 Noms de trois lettres auxquels on
ajoutait אל ou יה afin d’obtenir les 72 anges de l’Échelle de Jacob qui dirigent la terre et les cieux.
Ces noms étaient souvent placés sur le revers et l’avers des médailles ou des rouleaux de parchemin
afin de former les 36 Talismans.
Selon certains kabbalistes, le Roi David et le Roi Salomon étaient capables de faire des choses
merveilleuses avec les Arts Magiques Kabbalistiques : le pentagramme était appelé Sceau de
Salomon et l’Hexagramme était appelé Bouclier de David ; aux angles du premier on assignait
l’Esprit et les Quatre Éléments alors que ceux du dernier étaient attribuées les Planètes. Le Traité
appelé Les Clavicules du Roi Salomon est bien sûr une fraude médiévale.
Les lettres hébraïques sont aussi associées aux 22 Lames du Tarot ; ces cartes sont utilisées
principalement à des fins de divination. Les Gitans de l’Europe du Sud utilisent ces cartes pour dire
la bonne aventure. L’auteur français Court de Gebelin (1773-1782)a soutenu que ces Lames étaient
des emblèmes mystiques dérivés de la magie de l’Égypte ancienne. La Science Occulte attribue à
chaque carte un nombre, une lettre et un objet naturel ou une force, les planètes, des signes
zodiacaux, des éléments, etc. Le Sanctum Regnum des Lames du Tarot édité par moi-même peut
être consulté à ce propos.
Le Docteur Encausse de Paris, qui écrit sous le pseudonyme de « Papus, » a écrit aussi une oeuvre
sur le Tarot et donne des attributions kabbalistiques aux Lames du Tarots que les rosicruciens
considèrent comme fausses.
Selon mes connaissances la pratique de la Kabbale comme Art Magique est aujourd’hui presque
réservé aux Rabbis russes et polonais, et à quelques étudiants de l’occultisme dans ce pays, dont
certains portent un talisman kabbalistique bien qu’ils soient chrétiens.
Commentaires
Enregistrer un commentaire