Source de l'ignorance
"
Comment se fait-il donc que les hommes l'aient méconnu, et qu'ils
aient cru pouvoir marcher sans elle dans la connaissance de la
Nature ? On en voit maintenant la raison. C'est qu'ils ont
dénaturé les nombres qui constituent ces actions, comme ils ont
dénaturé ceux qui constituent les Eléments ; car d'un côté,
dans ce qui est trois,
ils n'ont
reconnu que deux :
de
l'autre, ils ont cru voir quatre,
dans
ce qui n'est que trois ;
c'est-à-dire,
qu'en considérant les deux actions passives des corps, ils ont perdu
de vue la Cause active et intelligente, en sorte qu'ils ont
assimilé et confondu l'action et les facultés de cette cause
avec celles des deux actions inférieures, comme ils ont assimilé la
faculté passive des trois Eléments à la faculté active de l'air,
qui est un des plus forts Principes de leur réaction. Dès lors ces
nombres étant ainsi défigurés, les Observateurs n'ont plus aperçu
le rapport qui se trouvait entre le ternaire des Eléments et le
ternaire des actions qui opèrent la corporisation universelle et
particulière.
"
Ce rapport leur ayant échappé, et étant ainsi devenu nul pour eux,
ils n'ont plus senti la nécessité et la supériorité de cette
action de la cause intelligente sur les deux actions inférieures qui
servent de base à toute production corporelle ; ils ont
pris les unes pour les autres, toutes ces causes et ses actions
différentes, ou plutôt ils n'en ont fait qu'une.
"
Et comment auraient-ils pu se préserver de cette erreur, puisqu'ils
avaient commencé par confondre la Matière avec le Principe de la
Matière, et que donnant à cette Matière toutes les propriétés de
son Principe, il ne leur en a pas coûté davantage de lui attribuer
aussi toutes les propriétés et les actions des Causes supérieures
qui sont indispensablement nécessaires à son existence.
"
Mais on doit voir à présent, que méconnaître la puissance et la
nécessité d'une troisième cause, c'est se priver du seul appui qui
reste aux hommes pour expliquer la marche de la Nature ; c'est
lui donner d'autres Lois que celles qu'elle a reçues ; c'est
lui attribuer ce qui n'est pas en elle ; en un mot, c'est
admettre, ce qui non seulement n'est pas vraisemblable, mais ce qui
est hors de toute possibilité.
Extrait
: des Erreurs et de la Vérité, Louis-Claude de Saint-Martin.
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