La gnose : définition et origine
BY
ADRIEN CHOEUR ON 26 MARS 2020
Qu’est-ce
que la gnose ? Définition et différence avec le gnosticisme. Quelle est l’origine
de la gnose ? Quels sont les différents types de gnose ?
La
gnose (du grec gnosis : connaissance) rassemble un grand nombre de courants
philosophiques et religieux dont le but est l’acquisition d’une connaissance
supérieure par une approche initiatique.
La
gnose a traversé toutes les époques et toutes les religions, elle est encore
vivante aujourd’hui.
La
gnose universelle doit être distinguée du gnosticisme, qui désigne un ensemble
de doctrines chrétiennes sectaires présentes dans l’Empire romain entre le Ier
et le IIème siècles, et rejetées par l’Eglise.
Tentons
de donner une définition de la gnose.
La
gnose : définition.
Définition
: La gnose est une approche philosophique et religieuse selon laquelle le salut
passe par la connaissance directe des choses divines, donc de soi-même.
La
gnose peut donc être définie comme la connaissance intégrale de la vérité,
acquise non pas par l’accumulation de savoirs, mais par une révélation intime,
une illumination qui transcende toutes les illusions.
Une
autre définition de la gnose pourrait être : Ensemble des méthodes et des disciplines
ésotériques par lesquelles chacun peut accéder à la vérité supérieure et
universelle. La gnose considère que tout homme peut percevoir Dieu en lui, et
ainsi devenir Lumière, et donc obtenir la vie éternelle.
La
gnose s’apparente parfois au mysticisme, avec les dérives que cela peut
éventuellement comporter.
Gnose
et ésotérisme.
La
gnose est indissociable de l’ésotérisme : la connaissance est communiquée
uniquement par initiation.
Le
mot ésotérisme, du grec esoteros (“intérieur”), traduit à la fois l’importance
de l’initiation, et aussi le fait que la compréhension ne peut venir que de l’intérieur.
Ainsi
la gnose procède d’un enseignement secret dont le but est de mettre l’initié
sur la voie. Mais cet enseignement n’est pas suffisant : l’effort décisif ne
pourra venir que du cherchant lui-même, s’il y est prêt. L’initié devra plonger
en lui pour ôter ses voiles et trouver les ultimes réponses au mystère de l’existence.
La
gnose est donc largement adogmatique : elle s’éloigne des dogmes, du catéchisme
et des vérités “révélées”.
En
quoi consiste la gnose ?
La
gnose, en tant que chemin de connaissance universel, est d’abord une invitation
à plonger en soi-même afin d’y trouver une étincelle de lumière divine, étincelle
qui éclairera la totalité de l’existence.
C’est
l’idée qu’il faut se connaître pour comprendre le monde, car la vérité se cache
au fond de soi, aux confins de la matière.
La
gnose consiste à abandonner ce que l’on croit savoir pour accéder à de
nouvelles formes de conscience et de connaissance. Il s’agit de mourir
progressivement à nos certitudes, à nos croyances et à nos illusions : illusion
que nous sommes autonomes, que nous sommes libres, que nous comprenons les
choses, que nous pouvons tout juger. La gnose est donc un chemin de dépouillement.
La
gnose est enfin la promesse d’entrer dans un monde d’acceptation, de sérénité,
de bonheur et d’amour. Ce monde est le Royaume de Dieu, ou encore le nirvana bouddhiste.
Gnose
et gnosticisme : définition et différence.
Le
gnose est une approche philosophique et religieuse universelle qui a traversé
les siècles pour parvenir jusqu’à nous, en prenant différentes formes.
La
gnose doit être distinguée du gnosticisme, qui est un mouvement de pensée
développé par des sectes d’inspiration chrétienne entre le Ier et le IIIème
siècle ; Simon le Magicien, mage chrétien, en serait l’un des fondateurs.
Le
gnosticisme développe une idéologie clairement dualiste : il existerait un dieu
du bien, lointain, et un dieu du mal régnant sur la Terre. Le but de l’homme
serait de se libérer du monde terrestre pour rejoindre le paradis. Le
gnosticisme rejette la matière, considérée comme le mal absolu. Ce dualisme
irréconciliable entre matière et esprit ne se retrouve pas dans tous les
courants de la gnose.
Le
gnosticisme est par ailleurs incompatible avec le dogme chrétien : les adeptes
du gnosticisme et du dualisme manichéen ont été rapidement considérés comme
hérétiques par l’Église.
A
la différence du gnosticisme, la gnose implique un effort moral, une
transformation intime pour s’élever vers Dieu et la Connaissance. Cet aspect
est un peu moins présent dans le gnosticisme dualiste, qui fonctionne de
manière plus binaire.
Mais
il serait artificiel d’opposer totalement gnose et gnosticisme, et on peut dire
que la plupart des courants gnostiques relèvent de la gnose au sens large.
Païenne,
chrétienne, islamique, maçonnique… : les différents types de gnoses.
Beaucoup
de courants initiatiques peuvent être rangés dans la “gnose”. Celle-ci prend essentiellement
racine dans l’Egypte antique, la Grèce, la Perse et la Palestine, pour s’épanouir
dans le monde chrétien.
Réduire
la gnose à une nébuleuse de courants chrétiens serait une erreur : la gnose
dépasse largement les limites de cette religion.
Tentons
de lister les différents courants de la gnose :
• les cultes de l’Egypte antique :
• les cultes à mystères de l’Antiquité grecque et
romaine (ensemble de religions ésotériques) :
• la secte pythagoricienne,
• le platonisme :
• la gnose christique : le message de Jésus a en effet
été considéré comme “gnostique” par de nombreuses sectes dans les premiers
siècles de notre ère,
• le manichéisme perse,
• la gnose chrétienne développée par les théologiens de
l’Eglise,
• la gnose juive, ou kabbale :
• l’hermétisme chrétien et l’alchimie :
• la gnose islamique :
• le catharisme : les cathares, manichéens jugés
hérétiques par l’Eglise, voyaient dans le Christ le messager du dieu-bon venu
sur Terre (monde du mal et de la souffrance) pour diffuser un message d’Amour
et d’espérance. Les cathares rejetaient l’Ancien Testament, œuvre du Diable,
pour s’intéresser uniquement au Nouveau Testament et à Jésus,
• les Rose-Croix (gnose d’inspiration chrétienne),
• la franc-maçonnerie, ou gnose maçonnique,
• le martinisme,
• etc.
Dans
l’Islam, la gnose est intimement liée au soufisme, courant mystique de
recherche et d’expérimentation de la connaissance révélée au cœur du cherchant.
Les
Soufis : ils sont sans livres, sans études, sans érudition.
Mais
ils ont poli leurs cœurs
Les
ont purifiés du désir, de la cupidité, de l’avarice et de la haine.
Cette
pureté du miroir est certes le cœur reflétant toutes images,
L’entendement
ici devient silence pour n’induire erreur
Car
le cœur est Avec Dieu, ou plutôt le cœur est LUI.
Ceux
au cœur poli ont échappé aux parfums et aux couleurs,
Ils
contemplent la beauté de chaque instant,
Ils
ont abandonné la forme et l’écorce du savoir,
Ils
ont tenu l’essence dans l’océan de la connaissance mystique.
Jalal-ud-Din
Rûmî, poète persan et fondateur de l’école soufie des Derviches tourneurs
Peut-il
y avoir une gnose au sein de l’Eglise catholique ?
L’Eglise
a très tôt rejeté le gnosticisme et la gnose, préférant le salut par la foi au
salut par la connaissance.
Certains
théologiens catholiques ont cependant développé une gnose chrétienne compatible
avec les dogmes de l’Eglise.
Pour
les catholiques traditionalistes, il ne peut y avoir de gnose chrétienne. Ces
derniers considèrent en effet la religion chrétienne comme exotérique
(non-ésotérique), c’est-à-dire une religion ouverte à tous, et non seulement
aux initiés.
Les
textes gnostiques.
Voici
quelques exemples de textes gnostiques :
• Les papyrus égyptiens : Textes des pyramides, Textes
des sarcophages, Livre des morts,
• Les vers d’or de Pythagore,
• Les parchemins des nécropoles
égyptiennes retrouvés au XIXème et XXème siècle, en particulier à Nag Hammadi ;
la plupart sont considérés comme des évangiles apocryphes.
Parmi
eux, citons :
• L’Évangile de Marie-Madeleine,
• l’Évangile de vérité (école gnostique valentinienne),
• l’Évangile selon Thomas,
• l’Evangile selon Philippe,
• la Pistis Sophia,
• l’Hypostase des archontes,
• le Livre des secrets de Jean,
• le Livre sacré du Grand esprit invisible,
• l’Apocalypse d’Adam,
• L’évangile selon Saint-Jean : parfois considéré comme
gnostique, du fait de son style qui tranche avec les trois premiers évangiles,
• La Table d’Émeraude d’Hermès Trismégiste, et le Corpus
Hermeticum,
• Le Tao Te King de Lao Tseu,
• etc.
L’importance
de la gnose en franc-maçonnerie : la “connaissance intégrale de la Vérité”.
“Ici
sont les arcanes de la gnose” est une phrase présente dans certains rituels maçonniques,
qui signifie : “ici sont les secrets de la connaissance”.
L’esprit
de la franc-maçonnerie, initiatique, adogmatique, introspectif, est typiquement
gnostique.
Pour
le franc-maçon, la gnose est la Connaissance sacrée ; sa recherche consiste à
utiliser tous les moyens d’accéder aux mystères de l’être et du cosmos.
La
gnose est un chemin qui consiste, non pas à accumuler des savoirs, non pas à
cultiver une foi, mais à tendre vers une forme de sagesse unitaire et
humaniste, qui permet au cherchant de se révéler et de s’accomplir dans la
fusion avec le Principe.
La
gnose maçonnique est une quête spirituelle qui s’effectue à l’aide de symboles.
La
gnose est notamment présente à travers la lettre G figurée au sein de l’étoile
flamboyante (2ème degré du rite), ou entre le compas et l’équerre.
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